Le chômage des jeunes actifs s’est établi à 22,6% à la fin du premier semestre 2017, selon les nouveaux chiffres du ministère du Travail. Malgré une consolidation de la reprise économique, ce fort taux de chômage risque de peser sur la croissance future.
Si la plupart des indicateurs économiques sont au vert, le chômage des jeunes reste notamment marqué en France. Selon le dernier tableau de bord publié par le ministère du Travail, le taux de chômage au sens du BIT s’élevait à 22,6% à la fin du second trimestre 2017 d’après des données encore provisoires, en hausse de 0,9% par rapport au premier trimestre. Au même moment, le taux de chômage de la population active s’élevait à 9,5% selon les données de l’Insee. Un contraste qui ne semble pas s’estomper malgré les différents plans de lutte mis en place par les gouvernements successifs.
D’autre part, cette catégorie de population constitue souvent une véritable variable d’ajustement en cas de crise ou de récession. Cela signifie que cette tranche d’âge réagit plus facilement aux aléas de l’activité. Et il se pourrait que la situation ne s’améliore pas surement dans les mois à venir comme le rappelle l’économiste de Natixis, Véronique Janod dans un entretien accordé à La Tribune :
« le chômage ne baisse pas comme attendu (en 2017 : NDLR). Il est remonté à 9,4 % au troisième trimestre, après être tombé à 9,2 % au deuxième trimestre. Cette remontée du chômage laisse transparaître l’existence de problème d’appariement entre les compétences proposées par les demandeurs d’emploi et celles recherchées par les entreprises. »
Un taux d’emploi inférieur à la moyenne européenne
La rapprochement du taux d’emploi (*) des jeunes français avec ceux des autres pays européens est particulièrement révélateur des difficultés d’insertion de la jeunesse française sur le marché du travail (voir graphique ci-dessous). Moins médiatisé, le taux d’emploi demeure un indicateur pertinent pour mesurer l’état du marché du travail comme l’a expliqué l’économiste André Zylberberg.
« le taux d’emploi est un indicateur plus pertinent […] Celui-ci donne une bonne indication du potentiel productif d’un pays, puisqu’il mesure les capacités humaines mobilisées pour la production de biens et services. De son côté, le taux de chômage est plus un indicateur du déséquilibre du marché du travail. Il faut le considérer comme complémentaire du taux d’emploi ».
Il apparaît que le taux d’emploi des 15-24 ans en France (28,6%) est bien inférieur à la moyenne européenne (34,6%) et à quelques voisins comme l’Allemagne, le Royaume-Uni ou le Pays-Bas.
Pourquoi de telles difficultés ?
Le chômage des jeunes en France est particulièrement alarmant. Dans une note du Conseil d’Analyse économique, les experts soulignent que près d’un million de jeunes sont à la dérive en France.
« Cette situation néfaste prévaut depuis près de 30 ans sans qu’aucune politique, aucun plan pour l’emploi, ne soit parvenu à l’améliorer. Pourtant, l’expérience étrangère, en Europe ou ailleurs, démontre qu’il n’y a aucune fatalité : pour améliorer la situation des jeunes, il faut cibler les moyens sur ceux qui sont en difficulté et combattre de manière massive les vraies barrières. »
Les économistes soulignent également les difficultés pour les non diplômés d’accéder au marché du travail et recommandent pour cela de prendre à bras-le-corps :
les insuffisances de l’enseignement professionnel, trop difficile d’accès pour les jeunes non qualifiés;
la faiblesse de l’accompagnement vers l’emploi des jeunes les moins qualifiés. Pour trouver un emploi ou une formation, un jeune sans qualification a besoin d’être financé, suivi et conseillé de façon intensive. De nombreux pays étrangers consacrent des moyens considérables à cette activité. Ce n’est pas le cas de la France.
Les plans du gouvernement
Devant à ce fléau, le gouvernement veut mettre en place un vaste plan de formation visant un million de demandeurs d’emploi peu qualifiés et un million de jeunes décrocheurs. Ces mesures reposent avant tout sur le programme d’Emmanuel Macron mis en avant pendant la campagne. L’exécutif veut mettre la priorité sur :
- des formations longues et qualifiantes
- un accompagnement individualisé des personnes admises en formation
- une transformation du système de formation professionnelle.
- Le gouvernement veut particulièrement mettre l’accent sur la réforme de l’apprentissage. Elle vise notamment à :
« renforcer la transparence et l’attractivité du système d’apprentissage;
placer les entreprises au coeur du système grâce à un refonte des règles permettant de proposer davantage d’offres d’apprentissage;
réformer la taxe d’apprentissage et les aides à l’apprentissage pour les orienter vers les besoins de court et moyen termes des entreprises. »
Des divisions pesantes
Vendredi dernier, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a éclairci qu’elle allait passer à « à la deuxième phase » de la concertation pour réformer l’apprentissage, en recevant en bilatérale cette semaine l’ensemble des acteurs pour discuter des sujets « qui fâchent » (de gouvernance et de financement). Alors que la concertation lancée à l’automne a donné lieu ces dernières semaines à de vives tensions entre les régions et le Medef, la ministre a dit sa « confiance » d’arriver à une réforme permettant de « développer l’apprentissage massivement ».
« Je ne suis pas inquiète, je suis confiante dans la volonté de tous, dans l’intérêt général des jeunes, de développer l’apprentissage. Nous avons des débats vifs, c’est aussi ça la démocratie », a-t-elle déclaré. L’organisation patronale a d’ailleurs quelques points de discorde dans un récent communiqué :
« La multiplicité des pilotes, chacun dans son champ, ne peut donc pas fonctionner. Les régions donnent à l’apprentissage un rôle d’aménagement du territoire. Les entreprises considèrent cette voie comme la réponse au besoin de formation des jeunes et à leurs besoins d’emploi. Les objectifs ne sont donc pas les mêmes. Dans ces conditions, le copilotage est voué à l’échec. Cela explique d’ailleurs grandement la situation actuelle. »
Ce mardi, madame Pénicaud a tout de même regretté « une focalisation excessive » sur le futur « circuit de financement » de l’apprentissage, objet d’un bras de fer entre les régions et le patronat. « La focalisation sur un seul sujet, qui est ce circuit de financement, est une focalisation excessive », a-t-elle déclaré sur CNews
D’autre part, selon Matignon, Edouard Philippe doit recevoir le mois prochain les partenaires sociaux dans le cadre du second acte des réformes sociales (apprentissage, formation professionnelles et assurance chômage). « Il recevra probablement les partenaires sociaux et les régions courant février », a-t-on indiqué dans l’entourage du Premier ministre. Si l’exigence d’une réforme de l’apprentissage est régulièrement exprimée par les professionnels de l’emploi, elle pourrait prendre plus de temps que prévu au regard des tensions survenues lors des premières semaines de discussion.
(*) Le taux d’emploi est défini comme la part des personnes ayant un emploi parmi les personnes âgées de 15 à 64 ans, formulée en pourcentage. Dans ce le graphique de l’article, il concerne seulement les 15-24 ans.
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